Santé au travail : Exposition des salariés à la silice cristalline, des risques sanitaires élevés
L’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (ANSES) a publié le 22 mai 2019 les résultats de son expertise relative aux risques pour la santé des travailleurs exposés à des poussières de silice cristalline, un minéral présent dans de très nombreux secteurs d’activité.
mai 2019 –
L’Agence nationale de sécurité sanitairede l’alimentation, de l’environnementet du travail (ANSES) a publié le 22 mai 2019 les résultats de son expertise relative aux risques pour la santé des travailleurs exposés à des poussières de silice cristalline, un minéral présent dans de très nombreux secteurs d’activité.
Une exposition à la silice cristalline dans de nombreux secteurs d’activité
La silice cristalline est un matériau naturel, le plus fréquemment rencontré sous la forme de quartz.
Elle est utilisée dans de nombreux secteurs : construction, verrerie, fonderie, chimie, caoutchoucs, peintures…
En France, l’exposition à l’inhalation de poussières de silice cristalline concerne près de 400.000 salariés.Environ 30.000 d’entre eux seraient exposés à des niveaux dépassant la valeur limite d’exposition actuellement en vigueur en France (0,1 mg/m3).
Des risques sanitaires élevés et multiples
La pathologie la plus fréquemment associée à l’inhalation de poussières de silice cristalline est la silicose.
Reconnue cancérogène pour l’homme depuis 1997, les études ont depuis également confirmé le lien entre l’inhalation de cette substance et le développement de cancers broncho-pulmonaires. Le risque est majoré en présence d’une silicose mais les études confirment l’existence d’un risque significatif indépendamment de la silicose.
L’expertise de l’ANSES met en outre en évidence un risque de développer des maladies auto-immunes comme la sclérodermie systémique, le lupus érythémateux systémique ou encore la polyarthrite rhumatoïde. Par ailleurs, outre la silicose, l’exposition à la silice cristalline augmenterait le risque de pathologies respiratoires non malignes telles que la bronchopneumopathie chronique obstructive, l’emphysème ou la tuberculose.
Des études rapportent également une augmentation du risque de cancers digestifs (cancers gastriques, intestinaux et gastro-intestinaux), du cancer de l’œsophage et du cancer du rein.
L’Agence met ainsi en évidence une grande variété de pathologies, pour certaines particulièrement graves, trouvant leur origine dans l’inhalation de poussières de silice cristalline.
Des recommandations en faveur d’une prise en considération accrue des risques
Parmi ses recommandations, l’Agence propose d’engager la révision du tableau de maladies professionnelles existant.
En effet, en France, à ce jour, certaines maladies liées aux travaux exposant à l’inhalation des poussières renfermant de la silice cristalline peuvent être reconnues d’origine professionnelle au titre du tableau n° 25 des maladies professionnelles.
Crée en 1945, le tableau n°25 a connu sa dernière actualisation en 2003 avec notamment l’introduction du cancer broncho-pulmonaire parmi les maladies désignées au tableau.
Toutefois, à ce jour, le cancer broncho-pulmonaire n’ y est reconnu qu’en tant que complication de la silicose.
Compte-tenu de la mise en évidence d’un risque de cancer broncho-pulmonaire indépendamment de la silicose et de l’extension de la liste des pathologies désormais reconnues comme liées à l’inhalation de poussières de silice cristalline, l’Agence plaide par conséquent en faveur d’une révision du tableau.
L’ANSES propose en outre d’améliorer la prévention des expositions, de revoir à la baisse la valeur limite d’exposition professionnelle et de faire évoluer la surveillance médicale sur ce sujet.
Ces recommandations appellent en conséquence une veille attentive quant aux potentielles évolutions réglementaires à venir.
Elles sont aussi l’occasion de rappeler la nécessité impérative pour les entreprises d’être particulièrement vigilantes quant aux conditions de travail de leurs salariés potentiellement exposés, sauf à voir se multiplier les cas de maladies professionnelles aussi graves que variées.